Auschwitz : l’enfer sur terre.

Auschwitz l'enfer sur terre

L’enfer sur terre. Sincèrement, je ne trouve pas de manière de désigner le camp d’Auschwitz d’une autre manière.

J’ai décidé d’aller visiter Auschwitz pour être témoin de la barbarie orchestrée par les nazis tout au long de la seconde guerre mondiale. En effet, y aller était pour moi quelque chose de très important. Ayant conscience que les derniers survivants de ces camps ne seront pas éternels, je voulais comprendre et ainsi transmettre ces vérités historiques aux futures générations et pouvoir, à mon échelle, contribuer à ce que cette partie de l’histoire ne soit pas oublier.

Sachez qu’Auschwitz est un des lieux les plus visités en Europe. En effet, chaque année plusieurs millions de personnes viennent voir de leurs propres yeux ce lieu chargé d’histoire. En effet, lorsqu’on arrive à Auschwitz il y a plusieurs heures de queue et des centaines de personnes qui attendent pour espérer pouvoir entrer (le mois d’Août étant le pic de l’année). Nous avons dû nous y reprendre à deux fois pour venir, la première fois nous sommes arrivés à 14h30 et il nous était impossible de rentrer car tous les créneaux horaires de visites, avec ou sans guide, était déjà complet jusqu’au soir 19h. Nous sommes donc revenus tôt le lendemain matin, à 8h pour pouvoir enfin entrer à 12h30 avec un guide en anglais (j’ai ainsi pu travailler ma linguistique !) .

Donc oui, il y a énormément de monde. Mais croyez moi, malgré l’attente qui se répète dans la journée, vous allez vite oublier ce sentiment pris par « l’ambiance » qui règne dans ce lieu.

Et c’est de cette « ambiance » dont j’aimerais vous parler maintenant. En venant, on savait que cette visite allait nous émouvoir, nous mettre en colère, nous laisser coi. C’est exactement ce qu’il s’est passé, mais en pire. Il suffit de marcher entre les baraquements pour ressentir dans l’air qu’il s’est passé des choses affreuses ici. C’est simple de dire cela, mais je vous jure, c’est ce qui nous frappe en y entrant: une ambiance de morts. Notre guide, une femme passionnante, nous a accompagné 3h durant, retraçant l’histoire de manière fidèle, demandant le silence dans certains lieux, émue en nous racontant le destin de certains prisonniers. Elle a permis de nous faire prendre conscience que toutes ces choses ont vraiment eu lieu, qu’elles sont réelles et qu’on ne pourra plus rien faire pour changer cela.

Quand nous sommes arrivés à Birkenau, le camp des femmes, il faisait 43 degrés. Marchant sur les chemins remplis de cailloux, longeant les rails de train, j’ai pris conscience ne serait-ce que quelques secondes de l’enfer que ça devait être. Observant les dortoirs, les lits de fortune dans le gravier et la boue, la chaleur qui y régnait et la taille des « lits », j’ai compris. Parquées comme des animaux, les femmes se battaient pour avoir une couche, un accès aux toilettes, une chance de se laver les mains, allant parfois jusqu’à mourir pour cela. Quand on voit ce tas de tasse, de chaussures, il suffit de penser que chaque paire de chaussure appartenait à une personne, que chaque tasse était la tasse de quelqu’un. Et là, on comprend.  On ne peut pas expliquer ce que l’on ressent lorsque l’on voit toutes ces choses. On ressent juste, c’est tout.

Durant toute la visite, j’étais présente sans l’être. J’écoutais, j’observais, je photographiais parfois, mais c’est comme si je déambulais dans un décor de cinéma, mon cerveau se déconnectait complètement du réel, peut être par protection. C’est après que les anecdotes s’encrent en nous. Aujourd’hui, cela fait un mois que je suis allée à Auschwitz, que j’ai vu les chambres à gaz avec les griffures sur les murs, les tas de chaussures, les tonnes de cheveux, les allées de graviers et les miradors. J’espère ne jamais retourner là bas, mais je souhaite à tout le monde d’aller voir de ses propres yeux jusqu’où l’être humain est capable d’aller par idéologie, par connerie. Il y a un avant et un après Auschwitz. J’y pense un peu tous les jours. Les films et livres traitant du sujet sont plus intenses qu’avant, les images de cette visite se fixent dans mon esprit lorsque je lis les témoignages des survivants. Primo Levi explique dans son livre « Si c’est un homme » que, si l’homme fut capable à une période de son histoire de commettre de tels actes, alors il pourra très bien recommencer.

Donc oui, allez à Auschwitz, souvenez vous et lutter pour que toute cette horreur n’ai plus jamais lieu nulle part dans le Monde.

« Bien entendu, cette recette est trop simple pour pouvoir s’appliquer à tous les cas : il se peut qu’un nouveau fascisme, avec son cortège d’intolérance, d’abus et de servitude, naisse hors de notre pays et y soit importé, peut-être subrepticement et camouflé sous d’autres noms ; ou qu’il se déchaîne de l’intérieur avec une violence capable de renverser toutes les barrières. Alors, les conseils de sagesse ne servent plus, et il faut trouver la force de résister : en cela aussi, le souvenir de ce qui s’est passé au cœur de l’Europe, il n’y a pas si longtemps, peut être une aide et un avertissement. » Primo LEVI

PS: J’ai choisi de prendre quelques photos et de les laisser en couleur, leur laissant ainsi leur côté réel, ne cherchant pas à les embellir.

Livres conseillés sur la Shoah:
La merveilleuse bande dessinée « MAUS » d »Art Spiegelman
« Si c’est un homme » de Primo Levi
« Je ne vous oublierai jamais, mes enfants d’Auschwitz » de Denise Holstein
« Une vie » de Simone Veil
Films conseillés sur la Shoah:
« La vie est belle » de Roberto Benigni
« Nuit et Brouillard »d’Alain Resnais
« Le labyrinthe du silence » de Giulio Ricciarelli
« La liste de Schindler » de Steven Spielberg
 » Sobibor, 14 octobre 1943, 16 heures » de Claude Lanzmann 

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5 réflexions sur “Auschwitz : l’enfer sur terre.

  1. Ah! J’osais pas rédiger un article sur ce lieu. En tout cas tu l’as très bien fait.
    Tu parles des 43 degrés, c’est étonnant pour moi parce que je l’ai fais en Mars, donc la sensation était la même mais dans le parfait opposé.
    En tout cas tu as bien résumé la sensation ! Bonne continuation.

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    1. Merci beaucoup Laurie! Oui, je me rappelle avoir longtemps hésité, je ne savais que dire, et je ne voulais pas tomber dans le pathos. Alors j’ai juste raconté les choses comme elles étaient pour moi. En Mars il faisait froid je suppose?

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  2. On l’a visité en août 1990, j’y pense très souvent…..je ai commencé la visite de la salle où il y avait les objets ayant appartenu aux enfants j’en suis ressortie en pleurs. On devrait rendre ce voyage obligatoire pour les lycéens….Très beau texte.

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  3. Merci pour ton témoignage que j’ai découvert en faisant des recherches sur le net. Ce voyage je le prépare dans ma tête depuis des décennies. Je suis née en 51 donc la guerre et ses horreurs ont tjrs été dans nos discussions. Au mois de mai de cette année ça y est j’y vais … je me crois prête tout en sachant que mon être va être totalement bouleversé. Merci.

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